Square Princesse Clémentine

Le square Princesse Clémentine est situé à la fin du boulevard Emile Bockstael et le début de l’avenue Houba de Strooper. Aujourd’hui, il faut imaginer un quadrilatère dans l’axe du bd Bockstael et de l’avenue Houba, entre la rue Alfred Stevens et le début de l’avenue Sobieski (1)

source: OpenStreetMap.org

Les débuts..

Il y a bien longtemps, se trouvait à cet endroit une ferme-château appelée Hof Ter Plast. Nom bien choisi puisque cette ferme faisait face à un étang. Cette ferme-château est mentionnée sur la carte de Ferraris (1777) (2) .

source: BRUGIS

Cette superposition de la carte officielle actuelle (BRUGIS) et de la carte de Ferraris montre l’endroit (les quadrilatères rouges) où se trouvait la ferme-château Hof ter Plast

Arthur Cosyn, dans son ouvrage « Laeken – ancien et moderne » publié en 1904, précise (p.20) :

L’emplacement du château et de l’étang de Ter-Plast (à la mare) est couvert depuis de longues années de prés et de cultures. Entre le château et la rue voisine (rue du Gaz ; anciennement : chemin de Jette, dit Breemstraat) s’élevait encore, il y a vingt-cinq ans environ, une ferme portant cette inscription: Anno 1601. Un vieux cultivateur, qui a habité cette métairie, m’a déclaré qu’il a heurté souvent en bêchant des vestiges du manoir.

L’étang de Ter-Plast communiquait avec celui du Valmolen dont il ne reste plus de traces non plus. Le Valmolen, dont les bâtisses caduques et vieillottes viennent d’être abattues, après avoir servi d’habitation à un cabaretier et à des ouvriers, était probablement une dépendance de Ter-Plast sous l’ancien régime, c’est-à-dire à l’époque où ce manoir était la résidence des t’Serclaes, des barons de Poederlé, etc…

Cet étang qui était auparavant au pied de cette ferme-château dénommée Ter Plast, était alimenté par le Heizelbeek (voir rue du Heysel) (3) Selon Cosyn, il aurait donc été comblé à une époque ancienne, en tout cas antérieure à celle de la carte de de Ferraris puisqu’il n’apparaît pas sur cette carte.

Aujourd’hui, mieux connu sous le nom de « étang aux canards », l’endroit a été baptisé « Square Princesse Clémentine » en l’honneur de la deuxième fille de Léopold II. Il n’est pas fortuit que la rue Emile Wauters qui relie le square à la place St-Lambert, ait été ainsi nommée en souvenir du peintre qui réalisa le plus connu des portraits de la Princesse.

Clémentine (1872-1955) était la troisième fille de Léopold II et la seule pour laquelle il éprouva une véritable affection. Au lendemain de la mort du Roi (1909), elle épousa en 1910 le Prince Victor-Napoléon, mariage auquel Léopold II s’était opposé. Selon D. Van Kriekinge, elle vivait au château de Laeken avec son père et remplaçait dans de nombreuses circonstances sa mère qui s’était retirée à Spa (Essai de toponymie laekenoise, 1995).

La fontaine avec monument qui décore la pelouse entre l’étang et l’avenue Houba a été érigée en hommage à Emile Bockstael, dernier bourgmestre de Laeken. Ce monument a été dessiné par l’architecte Jean Rombaux et réalisé par le sculpteur Ernest Salu II. (4)

En mars 1921, le Parlement vote l’annexion de Laeken, Neder et Haren à Bruxelles. Le 2 décembre 1929, la Ville de Bruxelles décida d’ériger un monument pour honorer la mémoire du dernier bourgmestre de Laeken (décédé en 1920), Emile Bockstael dont la conduite pendant la guerre fut aussi héroïque que celle de son collègue de Bruxelles. Bockstael était Montois d’origine et ingénieur. (5)

Le Square Princesse Clémentine (source: Bruciel)

Le square a disparu, il ne reste que les deux petits triangles au bas de la photo. Par contre, nous avons gagné la statue à la mémoire d’Emile Bockstael. Les trams ont disparu également, aussi bien sur l’avenue Houba que sur le début de l’avenue Sobieski (ex- bd Bockstael)

Le square en 1912.

Collection Belfius

Au premier plan, la fin de bd de Smet de Naeyer et le début de l’avenue des Robiniers (Pont Colonial). Le début de la rue Pierre Strauwen, dans le fond, est déjà construit avec la Pharmacie du Stuyvenberg et le café Night and Day. En 1912, selon l’Almanach du Commerce et de l’Industrie, ce café était déjà une brasserie tenue par Georges Hack, d’où le nom: Brasserie Georges.

source: Bruciel – coll. Belfius

Pour la pharmacie, c’est un peu plus compliqué, la rue ayant changé de nom. Elle s’appelait auparavant rue Fransman et allait de la rue Léopold Ier à la place St-Lambert. En tout cas, le bâtiment existait déjà avant 1920 et était, déjà, une pharmacie comme le montre la photo du square dans l’axe de l’avenue Houba, avec, dans le fond, le tram « H ». L’Almanach ne connaît pas la rue Alfred Stevens avant 1949. A cette époque, la pharmacie était tenue par O. Delatte. Sans doute la rue portait-elle un autre nom.

Voici deux photos intéressantes car elles nous montrent que la disparition du square date des années 1930 :

Sur la première, le square existe toujours mais le monument « Bockstael » n’est pas encore là. Par contre, sur la seconde, outre qu’un expert des transports publics bruxellois vous ferait certainement remarquer que la motrice est clairement une motrice en service à la STIB dans les années 1930, le monument « Bockstael » apparaît. Cette photo est donc postérieure à 1929 (voir plus haut).

Et une dernière, également issue de la collection Belfius :

Cette photo prise depuis le Pont Colonial nous montre, en bas, l’avenue Sobieski, l’étang sans aucune végétation, à droite la rue E. Wauters, et, dans le fond, l’avenue Houba. La Pharmacie du Stuyvenberg, au coin, en face du Night and Day, n’est pas encore construite. Par contre, on voit clairement dans la première trouée, un réservoir de gaz de ville situé à Jette. La seconde trouée, à droite de la maison isolée, montre la silhouette du clocher de l’église des Rédemptoristes, place Reine Astrid, à Jette.

(Mis à jour le 7 juin 2020)

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Notes

(1) La partie comprise entre le bd Bockstael et l’entrée du parc Sobieski s’appelle d’ailleurs Square Clémentine! Ce que peu de gens savent.

(2) Pour les férus d’histoire : Joseph Jean, comte de Ferraris (Lunéville 1726, Vienne 1814) est un militaire originaire de Lorraine, au service des Autrichiens. Il a été directeur de l’école de mathématique du corps d’artillerie des Pays-Bas et, accessoirement, colonel propriétaire du régiment de Ferraris cantonné dans les Pays-Bas autrichiens. C’est à lui que Charles de Lorraine, alors gouverneur des Pays-Bas autrichiens, a demandé de cartographier tous les territoires sous son administration. Cette carte, conçue à des fins purement militaires, est consultable à la Bibliothèque Royale.

(3) Historische toponymie van Laken, Pierre Van Nieuwenhuysen, Safran 2009, p.21

(4) La Région de Bruxelles-Capitale, in collection Histoire et Patrimoine des Communes de Belgique, Racine, 2008 – p.535

(5) Les fontaines racontent Bruxelles, Fabien De Roose, Racine, p. 98