Rue du Cloître

Il semble bien qu’il n’y ait jamais eu de cloître dans cette rue. Son nom viendrait de la proximité de l’école primaire et gardienne des Soeurs des Ecoles chrétiennes de Vorselaer (aujourd’hui Institut Maris Stella), rue Félix Sterckx où résidaient les sœurs enseignantes.

En 1907, l’Almanach du Commerce et de l’Industrie cite la rue du Cloître en précisant qu’elle commence rue Fransman, 602, et finit à Jette-St-Pierre sans davantage d’information sinon que des maisons sont en construction. A cette époque, cette portion de la rue Fransman ne s’appelait pas encore Emile Wauters et il y avait 609.949 habitants à Bruxelles et sa banlieue, c’est-à-dire la Région de Bruxelles-Capitale aujourd’hui.

A cette époque également, il était prévu de prolonger la rue du Cloître au-delà de l’avenue Houba, jusqu’à la rue Théophile de Baisieux, qui s’appelait rue du Moulin et était encore sur le territoire de Jette-St-Pierre.

On notera également qu’en 1907, la rue du Cloître commençait à la rue E. Wauters (anciennement Fransman). La portion Wauters-Sobieski apparaîtra plus tard. Ceci explique sans doute le léger décalage de l’alignement des maisons de la section Wauters-Houba par rapport à la section Sobieski-Wauters, léger décalage qu’un observateur attentif n’aura pas manqué de remarquer.

Rue du Cloître en 2018 (source: Bruciel)

En 1908, les premières constructions apparaissent (n° 92 à 98) mais elles ne sont pas encore occupées. Sont-elles encore en cours de construction ? A l’époque, l’avenue Sobieski s’appelait encore bd Bockstael : « Commence bd Emile Bockstael, finit aven. Houba de Strooper » nous dit l’Almanach.

Et le même Almanach du Commerce et de l’Industrie de 1909 nous donne les premiers habitants :

« 92 De Henffe (Mlles). rent.

94 Dohet H., représentant de commerce »

En 1910, les demoiselles De Henffe ont cédé la place à M. A. Vetter, un industriel. M. H. Dohet est toujours au n°94 mais il est devenu agent de commerce dont les bureaux se trouvent au 137, rue Stéphanie. Quant au n°98, il est occupé par M. J. Kreutz, un négociant.

En 1920, la rue est déjà un peu plus étoffée. L’Almanach y signale 16 maisons dont 13 sont occupées. Mais il faut se méfier. La liste de l’Almanach est trompeuse : elle ne reprend que les « notables », grands (industriels, négociants, magistrats, professions libérales, etc.) ou petits (instituteurs, employés, commerçants, …). Les ouvriers ne sont pas repris, comme les terrains vagues…

De cette époque, il reste les pavés (dont les avantages sur l’asphalte sont indéniables : inusables et casse-vitesse naturel), les façades qui valent le détour et une petite impasse à hauteur du n°19.

Rue du Cloître, l’impasse à hauteur du n°19

Les six petites maisons ouvrières de cette impasse datent de 1900 et sont reprises à l’Inventaire « Irismonument », tout comme l’hôtel de maître (1931, Beaux-Arts, Art Déco) qui fait le coin avec l’avenue Sobieski et dont le premier occupant fut un certain J. Kinnard, entrepreneur de travaux publics et privés nous dit l’Almanach.

Si vous aimez les ferronneries, allez jeter un coup d’oeuil au n°6. Cette maison date de 1914 :

6, rue du Cloître (source: Irismonument)

Au carrefour avec la rue Stevens-Delannoy, les deux immeubles de coin (n° 44 et 51), immeubles de rapport qui tranchent par leur gabarit avec le reste de la rue, datent également de 1914. Les châssis de fenêtre en aluminium brillant et les portes en plastic ne sont pas d’origine.

Rue du Cloître vers l’avenue Sobieski

Et ce ne sont pas les seuls édifices qui méritent un coup d’oeuil. Il y en a en tout une vingtaine.

Un internaute signale qu’au n°62, a habité Jules Herbillon, académicien, onomasticien et auteur du « Noms des communes » et du « Dictionnaire des noms de familles ». L’Almanach du Commerce et de l’Industrie, dans sa dernière édition (1969), confirme en effet la présence d’un HERBILLON, J. professeur. Il avait même un téléphone : 78.23.43.

Mais qui était J. Herbillon ?

Voici ce qu’en dit la Biographie Nationale :

HERBILLON, Jules, Hubert, Marie, docteur en philologie classique de l’Université de Liège, professeur à l’Athénée royal d’Ixelles (Bruxelles), membre de l’Académie royale de Belgique, né à Hognoul le 12 mai 1896, décédé à Molenbeek-Saint-Jean (Bruxelles) le 19 novembre 1987.

[…]

Jules Herbillon a été membre de la Commission royale de Toponymie et de Dialectologie (1930), commission qu’il présida à plusieurs reprises et où il fut particulièrement actif, de la Société de langue et de littérature wallonnes (SLLW) (1946), de la commission administrative du Musée de la Vie wallonne (1955), du Comité international des Sciences onomastiques (1955) et de la Classe des Lettres et des Sciences morales et politiques de l’Académie royale des Sciences,
des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique (membre correspondant en 1965).

(Le texte complet de l’article que lui a consacré Jean Germain se trouve ici )

Avenue Sobieski

source: www.openstreetmap.org

Au départ, cette avenue, qui va du Square Princesse Clémentine au parvis St-Lambert, reprend le tracé d’un sentier nommé Vossewegel (1). Ce sentier reliait le hameau du Heysel au Molenbeek (2).

Source: Brugis

Le Vossewegel longeait un ruisseau, l’Heyselbeek, venant du Square Palfijn.

On le voit très bien sur la carte ci-contre qui superpose un extrait des cartes topographiques de Vandermaelen (1846) et un plan actuel. Ce ruisseau longeait la rue du Heysel, bifurquait vers le sud à hauteur de l’église St-Lambert, faisait un double coude en face de la rue du Cloître. A partir de là, il était canalisé jusqu’au Molenbeek, au début de la rue Alphonse Wauters.

C’est ce ruisseau qui alimente les étangs du parc Sobieski et du Square Princesse Clémentine

En 1872, l’avenue devient la rue des Renards. Au début du XXe siècle, elle s’appelle Boulevard Bockstael dont elle est la continuation vers le Heysel. Elle est rebaptisée Sobieski lors du développement du plateau du Heysel en 1934(3). Ce changement de nom est-il dû au souhait d’être agréable aux Polonais dans la perspective de l’Expo de 1935 ? Eh bien, oui et non : oui pour être agréable aux Polonais, et non pour la perspective de l’Expo de 1935.

L’avenue Sobieski quand elle s’appelait encore Bockstael (coll. Belfius)
Depuis le pont colonial (coll. Belfius)
En 1935. Si vous agrandissez, vous verrez un camion du grand magasin « A l’Innovation » et les premières constructions de l’expo 35 (coll. Belfius)

Un petit retour en arrière s’impose. Comme vous le savez certainement, le Roi Albert est mort le 17 février 1934 dans un accident d’alpinisme à Marche-les Dames. Léopold III est intronisé le 23 février. Une délégation est envoyée dans différentes capitales pour annoncer l’avènement de Léopold III. Et voici le récit qu’en fait Le Soir du 12 juin 1934 :

M. Adolphe Max, ambassadeur extraordinaire du roi des Belges, a assisté à l’inauguration solennelle d’une plaque apposée rue Niecala, qui portera désormais le nom de « Rue Albert Ier ». […]

M. Adolphe Max a remercié ensuite la capitale polonaise de s’être jointe au culte que les Belges font au roi décédé. Il a rappelé qu’il existe à Bruxelles une rue de Pologne et une rue de Varsovie et que c’est sur l’initiative de M. Max lui-même que le conseil municipal de Bruxelles a décidé récemment de donner à l’une des avenues de la capital le nom du roi de Pologne Jean Sobieski.

Jean Sobieski fut roi de Pologne sous le nom de Jean III. Il a défait les Ottomans à deux reprises, à Khotin d’abord, à Kahlenberg ensuite en 1683. Cette dernière victoire contraignit les Ottomans à lever le siège de Vienne et à renoncer définitivement à leur expansion en Europe. Notons au passage que la chaussée de Buda rappelle un épisode similaire, la victoire de Charles V de Lorraine sur les Turcs en 1686 à Buda, en face de Pest.

(source: Wikipédia)

Cette décision, initiée par Adolphe Max, a été concrétisée par un arrêté du Collège, dont voici le texte :

Le Collège des Bourgmestres et Echevins,

Attendu que la Ville de Varsovie a donné à l’une de ses principales voies publiques le nom de rue Albert Ier ;

Considérant qu’il sied de répondre à cette attention délicate en attribuant à l’une des artères de la capitale le nom de l’un des héros nationaux de la Pologne ;

Arrête :

La partie du boulevard Emile Bockstael comprise entre le square Clémentine et la place Saint-Lambert s’appellera désormais :

Avenue Jean Sobieski laan

Mais ne croyez pas que cela s’est fait sans mal !

D’abord, les riverains n’étaient pas d’accord et ils l’ont fait savoir par une pétition datée du 11 octobre 1934 et qui exposait leurs arguments :

Ensuite, un fonctionnaire attentif a fait remarquer que cette décision était un peu étrange car le boulevard au-delà de St-Lambert continuait de s’appeler « Bockstael » comme le montre le plan ci-dessous. Remarque que le Collège balaya d’un revers de main : le boulevard au-delà de St-Lambert faisant partie du domaine de l’Exposition universelle en préparation, on aviserait après celle-ci.

Enfin, un autre fonctionnaire tout aussi attentif et consciencieux a fait remarquer que la plaque de rue n’avait pas été placée à la fin du bd de Smet de Naeyer, juste après le pont colonial comme tout le monde le pensait, mais à hauteur de la statue de Bockstael, au Square Clémentine. Fallait-il repasser en Collège et fait courir à l’échevin responsable le risque d’essuyer les sarcasmes de ses chers collègues ? Fallait-il refaire l’inauguration et réinviter l’ambassadeur de Pologne ? L’affaire a été discrètement résolue par une circulaire attirant l’attention des services sur le fait que l’avenue Sobieski commençait juste après la statue de Bockstael. Et il a donc fallu modifier la numérotation des maisons entre le bd Bockstael/avenue Houba et le pont colonial.

La photo aérienne prise avant l’Expo de 1935 (à gauche) nous montre le site de l’avenue Sobieski. L’avenue commence dans le coin inférieur gauche. Nous trouvons, sur sa droite, le parc Sobieski avec son verger et les serres. Ensuite, il y a le pont colonial. Puis à droite, nous avons le massif boisé et les serres du jardin colonial et nous arrivons à la villa style cottage en face de la place St-Lambert.

Parc Sobieski (4)

En 1896, Léopold II achète des terrains sur le Donderberg. Il y fait installer des serres sur la partie haute pour y cultiver des arbres fruitiers en pots. Un verger occupe le flanc de la colline (nous sommes sur le Donderberg). Un étang est creusé en 1908 dans la partie basse, le long de l’avenue Sobieski.

Photo intéressante car on y distingue très nettement, entre les premières maisons (coin inférieur gauche) et le pont colonial, en partant de la gauche, l’avenue Sobieski, une rangée d’arbres dont l’ombre masque l’étang, le verger, les serres, un massif boisé, une étendue dégagée (le futur Jardin du Fleuriste), un massif boisé, la rue Médori et l’ancienne caserne des Grenadiers (puis école des cadets et actuellement école européenne).

La route qui part du pont colonial est l’avenue des Robiniers. Elle marque la limite du site. Au Nord, se trouve le domaine du Stuyvenberg. On y voit un long rectangle, sans doute une pelouse, qui se termine par un chemin qui, après deux virages, traverse un pont au-dessus de l’avenue des Robiniers et arrive dans le futur Jardin du Fleuriste. Ce pont a disparu mais ses socles en maçonnerie sont toujours bien visibles.

Le site a été longtemps abandonné mais il a été réaménagé et ouvert au public en 1983.

Aujourd’hui, si les serres de la partie haute ont disparu, la partie centrale est toujours un verger et l’étang est toujours là.

Au sommet du Donderberg, vous trouverez le Jardin du Fleuriste, admirablement aménagé et entretenu par Bruxelles Environnement. Vous y jouirez du calme et d’une vue étonnante sur Bruxelles.

Pont colonial



Ce pont, long de 31m, relie l’avenue des Robiniers au bd de Smet de Naeyer. Il a été construit en 1906 comme en témoigne la plaque de bronze sur la colonne.

Le chiffre de Léopold II est bien visible sur le socle monumental.

A l’origine, les colonnes portaient l’étoile du Congo belge.

Les ferronneries (balustrades, lanternes, …) ont été réalisées par la Compagnie des Bronzes.(5)

Jardin colonial (6)

En février 1900, un premier jardin colonial, pourvu de deux serres, est créé dans le domaine du Stuyvenberg.

Le Jardin colonial avait une double fonction. D’un part, importer des plantes du Congo, les sélectionner et les adapter au climat belge, et d’autre part, importer et cultiver des graines et des plantes de régions tropicales, les mettre en quarantaine, les débarrasser des insectes et moisissures et les décontaminer avant de les expédier au Congo pour les cultiver. (6)

En 1902, le jardin est transféré dans la propriété Vanderborght (voir bd du Centenaire) où il dispose de 6 serres. En 1905, Léopold II le fait transférer encore une fois sur les terrains qu’il vient d’acquérir entre l’avenue des Ebéniers et l’avenue Sobieski. Une villa de style cottage, dessinée par l’architecte Oscar Flanneau, est alors construite pour accueillir les services administratifs et techniques du jardin. Plus tard, elle deviendra le logement de fonction du jardinier en chef. Un autre bâtiment, du même architecte, se trouve à l’opposé de la grande pelouse. Il servait d ‘écurie et de remise de matériel. En 1951, le jardin déménage une dernière fois, au jardin botanique de Meise.

Mais les serres qui occupaient la superficie de l’actuelle pelouse centrale, ont été remises en service en 1958 pour fournir la décoration florale de l’Expo 58. Démontées en 1962, elles cèdent la place à la pelouse que nous pouvons voir aujourd’hui. Le parc est ouvert au public en 1965. Le tunnel sous l’avenue des Robiniers qui relie le jardin colonial au parc Sobieski, a été creusé en 1980 lorsque le parc a été lui aussi ouvert au public.

Patrimoine

L’avenue Sobieski est, sans conteste, une des plus belles avenues de Laeken.

Dernière mise à jour: Mercredi 29 juillet 2020

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Notes

(1) Source : Pierre VAN NIEUWENHUYSEN, Historische toponymie van Laken, Safran 2009, p.521
(2) Le Molenbeek prend sa source à Dilbeek, alimente les marais de Ganshoren et traverse le parc Roi Baudouin. Il est alors enfoui dans des canalisations et passe sous le parc de la Jeunesse, le Square Prince Léopold, bifurque vers le Square Prince Charles, passe sous l’avenue du Parc Royal pour alimenter les étangs du domaine royal et se jette dans le canal.
(3) source : La Région de Bruxelles-Capitale, in collection Histoire et Patrimoine des Communes de Belgique, Racine, 2008 – p.535
(4) Source : http://www.irismonument.be/fr.Bruxelles_Laeken.Avenue_Jean_Sobieski.A003.html
(5) Source : http://www.irismonument.be/fr.Bruxelles_Laeken.Avenue_Jean_Sobieski.A001.html
(6) Source : www.irismonument.be

Square Prince Léopold

Ce square d’une superficie de 2,2ha, outre d’être ovale (1), a également la caractéristique d’avoir été aménagé par l’architecte René Pechère en 1948 sur un collecteur construit pour évacuer les eaux usées vers le canal1.

Le square Prince Léopold en 1953 (source: Bruciel)

Vous ne connaissez pas le nom de René Pechère ? Possible, mais vous connaissez certainement certaines de ses œuvres.

René Pechère est un architecte paysagiste né à Ixelles le 12 février 1908 et décédé le 9 mai 2002. Selon Wikipédia, « il est l’auteur de plus de 900 jardins privés et publics en Belgique, en France, en Allemagne et aux Pays-Bas. » 

Il a participé à la création des jardins de l’Exposition Universelle de 1935 au Heysel et est le concepteur et le réalisateur des aménagements extérieurs de l’Expo 58. On lui doit notamment le célèbre Jardin des Quatre Saisons. Autres réalisations bien connues : les jardins de la cité administrative de l’État et du Botanique, le parc du Mont des Arts et de la Maison d’Erasme à Anderlecht.

Et ceci nous amène à parler du Molenbeek, non pas celui de St-Jean mais celui qui nous vient de Dilbeek. Vous ne voyez pas le rapport ? Le voici.

Le Molenbeek débordait fréquemment et était à l’origine de nombreux marécages, notamment ceux de Ganshoren. En 1897, Léopold II demande que l’on assainisse le quartier proche du domaine royal. Il est décidé de voûter la rivière et de créer deux bassins de retenue et un collecteur pour évacuer les eaux polluées vers le canal de Willebroeck. Les travaux ont lieu en deux temps : de 1904 à 1907 et de 1948 à 1958. Et c’est à l’occasion de cette deuxième tranche de travaux que René Pechère est intervenu.

Et si vous souhaitez en savoir plus sur le Molenbeek, c’est ici

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(1) Il n’est pas rare d’avoir des squares ronds en Belgique. Pensez au « square Pouchkine » bd Bockstael, ou au « square Montgommery »

1source : Bruxelles (Laeken, Neder-Over-Hembeek, Haeren), Guides CFC-Editions, 2005, p. 45

Le Molenbeek


Le Molenbeek (aussi appelé Dilbeek ou Pontbeek suivant les tronçons) prend sa source au pied du versant nord de l’Eikelenberg à Dilbeek, à la limite de Berchem, près du cimetière.

source : https://www.openstreetmap.org/#map=16/50.8592/4.2815

Il longe ensuite les limites de Grand-Bigard :

Puis, il passe en souterrain sous le chemin de fer et le début (ou la fin, cela dépend d’où vous venez) de la E40, continue en longeant la limite entre Zellik (où il donne son nom à la Pontbeekstraat) et Ganshoren, et réapparaît au grand air pour marquer la limite entre Zellik et Ganshoren.

Il continue ensuite entre le bois du Laarbeek et du Poelbos au nord et les marais de Ganshoren au sud, traverse l’avenue de l’Exposition universelle, …

… agrémente le parc Roi Baudouin, disparaît à nouveau sous terre à hauteur du Collège du Sacré-Coeur, traverse le Parc de la Jeunesse, le Square Prince Léopold, où il récupère les eaux du Heizelbeek (*) dont le cours naturel est perturbé par le tunnel du métro construit dans l’axe de l’avenue Houba (est-ce la raison de cette eau qui percole tout au long de l’année à l’emplacement de la taque d’égout juste après le carrefour?). Le Molenbeek poursuit ensuite le long de la rue Ramaekers vers le Square Prince Charles (avenue des Artistes)…

… où il alimente l’étang, traverse l’avenue du Parc Royal, alimente l’étang du Molenbeek dans le domaine royal puis se jette dans le canal avant le pont Van Praet.

Le cours du Molenbeek est bien visible sur cette carte extraite de l’atlas de Ferraris réalisé en 1777. Il commence dans le coin inférieur gauche et remonte vers la droite.

(*) Avant l’urbanisation, le Heizelbeek descendait le plateau du Heizel, formait les étangs de l’actuel Square Palfijn, continuait vers l’Est le long de la rue du Heizel jusqu’à l’avenue Sobieski où son cours changeait de cap pour partir vers le Sud et rejoindre le Molenbeek.

Rue Ernest Salu

Ernest Salu. S’il est un personnage célèbre à Laeken, c’est bien lui. Oui, mais lequel ? Car il y en eut trois ! Trois sculpteurs réputés qui ont notamment orné une grande partie du cimetière de Laeken.

Il y eut d’abord Ernest Joseph Victor (1846-1923), puis son fils, Ernest II (1885-1980) et, enfin son petit-fils, Ernest III (1909-1987). Des monuments funéraires de personnalités comme Emile Bockstael ou Alphonse Balat (architecte de Léopold II, auteur, notamment, des serres de Laeken et du musée des beaux-arts, rue de la Régence) sont sortis de leur atelier, transformé en musée il y a quelques années. La rue est dédiée au premier Ernest.

E. SALU: tombe de Robert Avaert

La rue, quant à elle, a été tracée au tout début du XXe siècle mais il faut attendre 1914 pour voir les premières maisons : n°41 à 65. Dit autrement, le côté pair est encore des champs et le haut de la rue (partie Laubespin-Houba) ne présente aucune maison. Il y a donc le haut du bas du côté impair (vous me suivez?) qui est construit avec les demeures de A. de Valeriola, architecte-géomètre de profession, et, sans doute son frère, E. de Valeriola, de la S.A. belge « Bec Auer » (1) et fondé de pouvoir de la S.A. hollando-blege « Chaleur et Lumière ». Les de Valeriola ont comme voisine (n°65), Mme Veillat qui quitta rapidement la rue car en 1920, ce n° était habité par A. Naudts.

Lors de l’Expo de 1935, la rue s’est déjà bien étoffée. Le haut (entre de Laubespin et Houba) est pratiquement construit, mis à part les coins, ainsi que le côté impair entre Laubespin et le bd de Smet de Naeyer. Une boutique, exploitée par Edgard Plass, a été construite sur le coin (n°75-77). Le côté pair a vu également des maisons se construire de part et d’autre de la rue Gilson. Il ne reste plus grand-chose du côté champêtre de la rue. (Photo: Bruciel 1930)

En 1958, il ne reste presque plus de terrains à construire. La boutique du coin est devenue une épicerie, l’ « épicerie Brugmann, fruits et légumes ». Et plus loin, au n°114, coin rue Stuyvenberg, sur l’avenue Houba, une succursale Delhaize Le Lion a été ouverte (actuellement café « Le Belvédère »). Au n°61, A. de Valeriola, l’architecte-géomètre répond toujours présent. Il est là depuis 44 ans. Son frère ou cousin Em. de Valeriola a cédé la place à Y. Devaleriola, un médecin. (Photo Bruciel 1953)

Le tram 40 dans les années ’60

Le tram 18 après la prolongation du métro jusqu’au Heysel (1985)

La circulation se fait encore dans les deux sens et le parking ne semble être un problème…

Aujourd’hui, la rue Salu est une petite perle architecturale avec pas moins de 17 maisons reprises à l’inventaire du patrimoine architectural de la Région, dont, évidemment les n° 61 à 65.

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(1) Le « Bec Auer » est un bec de gaz utilisé pour l’éclairage mais qu’on a entouré d’une gaine textile combustible (je vous fais grâce de l’explication scientifique) qui accroît significativement l’éclat lumineux de la flamme.

(2) http://www.irismonument.be/fr.Bruxelles_Laeken.Rue_Ernest_Salu.23.html

sources :

L’almanach du commerce et de l’industrie édité par Rosez et Mertens jusqu’en 1969

Rue de Laubespin

La rue fut tracée en 1906 mais il faut attendre 1919 pour voir apparaître la première maison, le n°13, et encore deux ans pour qu’elle soit occupée (1921). Ce premier habitant de la rue est un certain M. Charles Morren, agent de change. Déjà ! Il est rejoint l’année suivante par F. Maes, représentant de commerce. Deux nouvelles maisons, les n°s 27 et 33 apparaissent en 1925. Puis, en 1927, la rue s’enrichit, toujours du côté impair, de trois nouvelles maisons (nos 7, 9 et 11). (1)

Cette photo date de 1930-35 (source: Bruciel)

Saviez-vous que le haut de la rue a connu deux lignes de tram ? (4)

Tout d’abord, la ligne 89.

Le 2 novembre 1906, la Société des Chemins de Fer Économiques qui exploitait les « trams chocolats » comme on les avait surnommés en référence à leur livrée blanche et brune, ouvre une nouvelle ligne, Bourse – Gare Maritime. Moins de deux ans plus tard, elle est prolongée jusqu’à la place communale de Laeken.

En 1928, lors de la fusion des réseaux trams Chocolats et Tramways bruxellois, la ligne Bourse – Laeken reçoit le n°89 et le 27 avril 1935, à l’occasion de l’Exposition Universelle, son itinéraire est prolongé jusqu’à l’avenue Houba de Strooper. De la place Bockstael à la rue Hubert, son itinéraire est identique à celui de la ligne 88 mais arrivé à l’avenue Masoin, il bifurque à droite par l’avenue Rommelaere, l’avenue Stiénon et le Square Palfijn, terminus toujours utilisé pour les lignes 51 et 93.

Cette ligne a été supprimée le 1er mars 1960.

L’autre ligne est la 88.

Le 18 juin 1923, la ligne CFE Bourse-rue Steyls, créée le 16 juillet 1908, est prolongée jusqu’à l’Hôpital de Bruxelles (Brugmann) par le trajet rue Delva – Square Pince Léopold – rue Laumans – rue Salu – rue de Laubespin – rue Eugène Hubert – avenue Ernest Masoin – Place Arthur Van Gehuchten.

Le 24 mai 1928, suite à la fusion des réseaux de la Société des Chemins de Fer Économiques et de la Société des Tramways Bruxellois, ancêtre de la STIB, la ligne Bourse – Hôpital de Bruxelles reçoit le n°88. Elle sera supprimée le 9 janvier 1968.

Mais d’où vient ce nom « de Laubespin »?

Voici l’histoire.

Tout commence avec Jean d’Orjo, seigneur de Freyr en 1378.

ou si vous préférez une photo plus récente:

Ce brave homme a deux fils, Jean et Gilles. Ce dernier a une fille qui devient dame de Freyr. Avant de décéder en 1457, elle épouse en 1423, Jacques de Spontin qui devient de ce fait également seigneur de Freyr. Vous sautez, en tout bien tout honneur, quelques descendants de Jacques de Spontin (les passionnés du bottin mondain pourront trouver tous les détails ici) et vous arrivez à Frédéric Auguste.

Selon Wikipedia, Frédéric Auguste Alexandre de Beaufort-Spontin (1751-1817), comte de Beaufort, marquis de Spontin et Florennes, marquis de Beaufort-Spontin, devint duc dans les Pays-Bas autrichiens en 1782, puis comte d’Empire en 1789. « Il était le chambellan de l’archiduc Charles d’Autriche à Bruxelles, et gouverneur général des Pays-Bas au nom de la Sixième Coalition en 1814. Il fut aussi président du Conseil Privé, chambellan et grand maréchal à la cour du roi Guillaume Ier des Pays-Bas ». Bref, c’était pas de la crotte.

Le 1er octobre 1807, il épouse en secondes noces rien moins que Ernestine Margarete zu Starhemberg (1782-1852), la petite-fille de Georges Adam zu Stahremberg. Personnage important pour Bruxelles puisqu’il fut nommé par Joseph II ministre plénipotentiaire auprès de notre Gouverneur Général Charles de Lorraine. A ce poste, il joua un rôle important dans le réaménagement du quartier de la Place Royale resté à l’état de ruines après l’incendie du palais des Ducs de Brabant en février 1731 (Pour tout savoir sur l’histoire de ce quartier, une visite au site archéologique « Palais de Coudenberg » s’impose).

Le couple Starhemberg-Beaufort-Spontin eut quatre enfants, dont Marie Hermengilde (1813-1880), l’héritière du château de Freyr.

Vous aurez compris que c’est Marie Hermengilde, aussi connue sous le nom de Comtesse Gilda de Beaufort-Spontin qui nous intéresse ici car c’est elle qui a épousé le Comte Charles Marie Camille de Laubespin.

Nous y voilà !

Mais qui étaient ces de Laubespin ?

Le premier personnage connu est un Guillaume de Laubespin, témoin d’une donation en 1131.

Il avait un coin de terre en Bourgogne. Ce lopin est devenu comté, puis marquisat. Selon Geneanet, le premier marquis de Laubespin fut Charles Achille Mouchet de Battefort, né à Poligny (Jura) en 1620 et décédé au même endroit en 1703.

Toujours grâce à Généanet, bien des Mouchet plus tard, nous trouvons Amour-Fortuné-Marie-Charles Mouchet de Battefort de Laubespin (1764-1849), cinquième marquis de Laubespin, qui épousa le 30 juillet 1803, oh bonheur !, Félicité de Lévis Mirepoix (Paris, 23/12/1779; Freyr, 1839), fille de Henri Charles Philibert de Lévis Mirepoix, comte de Mirepoix (1753-1794). Dingue !

Dingue, certes, mais l’avenue de Levis Mirepoix est à Jette, donc hors de notre propos auquel nous revenons pour vous dire que parmi les enfants issus du couple Amour-Fortuné et Félicité, il y a Charles Marie Camille Mouchet de Battefort de Laubespin (1812-1876), qui épousa le 5 juillet 1836 Marie Hermengilde de Beaufort-Spontin (1813-1880) dont question ci-dessus. Et au passage vous avez la réponse à la question que vous vous êtes sûrement posés : Comment se fait-il que Félicité décède au château de Freyr ? Tout simplement, elle était auprès de son fils et de sa belle-fille, héritière de Freyr. Si vous souhaitez savoir à quoi ressemblait le couple, vous pouvez faire un petit tour sur le site du château de Freyr.

Et nous arrivons maintenant à la rue. Le petit-fils de Charles Mouchet de Battefort de Laubespin et de Marie de Beaufort-Spontin, Humbert de Laubespin (1881-1925), après des études à Namur et l’ ULB, devint ministre plénipotentiaire. En poste à Luxembourg après la première guerre mondiale, il y négocia, en 1921, l’Union Économique Belgo-luxembourgeoise (3). Lorsque du 13 au 16 mai 1922, d’importantes festivités furent organisées à Bruxelles (2) pour célébrer cette Union, on pensa tout naturellement à Humbert, comte de Laubespin, pour assurer la présidence d’honneur du comité organisateur de ces festivités. (1)

Il reste cependant un doute : lorsque la rue est tracée en 1906, Humbert n’avait que 25 ans et aucun état de service justifiant de voir son nom donné à une rue. Mais c’est dans cette direction là qu’il faut chercher… Peut-être, la rue ne reçut-elle son nom que plus tard, bien après avoir été tracée sur un plan.

Extrait du guide Baedeker de 1910

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(1) source: Almanach du commerce à Bruxelles, AVB

(2) Ces festivités furent organisées avec le concours de la musique du 1er régiment des Grenadiers qui faisait partie de la 6e Division d’Armée commandée par le Général-Baron de Ceuninck (voir ce nom)

(3) Pour la « petite » histoire, le Duché de Luxembourg à l’époque des Pays-Bas autrichiens s’étendait sur les territoires de l’actuelle province de Luxembourg, une partie de la province de Liège, le Grand-Duché et le nord des départements français de la Meuse, de Meurthe et Moselle et de Moselle. Lors des négociations qui ont conduit en 1839 au Traité des XXIV Articles qui consacrait la reconnaissance internationale de l’indépendance de la Belgique, le duché a été scindé en duché de Luxembourg rattaché à la Belgique et en Grand-Duché de Luxembourg, en principe indépendant mais intégré en réalité à la Confédération Germanique dominée par la Prusse. En 1842, dès sa création, le Zollverein, accord douanier préfigurant l’empire allemand, intégra le Grand-Duché. En 1919, le Grand-Duché devint indépendant et chercha des partenaires économiques. La France ayant refusé de jouer le jeu, les Luxembourgeois se tournèrent vers la Belgique. Il semblerait que les négociations furent âpres. Humbert de Laubespin qui les mena pour le compte de la Belgique y gagna sa notoriété. Et une rue.

(4) source : Historique des lignes des tramways bruxellois, MUPDOFER 2002

note: si vous aimez les plans, vous pouvez aller faire un tour ici

(dernière révision: mai 2019)

Rue Reper-Vreven

L’origine de la rue Reper-Vreven est une construction, la seule existant au XVIIIe siècle près de l’actuelle église St-Lambert (qui n’existait pas à l’époque). Cette construction, agrandie et transformée en 3 maisons en 1893, servira d’alignement pour le tracé de la rue qui reprend le tracé de l’ancien chemin vicinal appelé « Rue de la Cave » et qui disparaîtra en 1906 (1).

Rue Reper-Vreven 1935 (source: Bruciel)

En 1921, le terrain à l’Ouest de la rue, entre la rue du Heysel et l’avenue Houba est occupé par une usine hydraulique, puis, jusqu’en 1977, par les bureaux de la CIBE. L’emplacement exact n’est pas encore défini mais l’enquête continue.

En attendant, sachez que l’athénée existait déjà au moins en 1874, sinon déjà en 1866, car son nom est repris dans la liste des établissements scolaires cotisant à la « Caisse de prévoyance pour les professeurs et instituteurs urbains» (2). Il ne s’appelait pas encore « Athénée Emile Bockstael », et pour cause, mais « Athénée rue Reper-Vreven ».(1)

Mais qui était donc ce Reper-Vreven ? C’était un brave Bruxellois, né à Bruxelles 18 août 1854 et décédé à Laeken le 29 août 1920. Entre ces deux dates, il épousa à Hasselt, Mlle Marie-Elisabeth Vreven, née à Hasselt le 31 octobre 1852. Elle rendit son dernier soupir en 1935. Mais il fut aussi dès 1889 membre du « Bureau de Bienfaisance » de Laeken, avant d’en être l’ordonnateur puis le président. Fonction dont il démissionna en 1919 pour raison de santé. (1)

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Sources :

(1 ) Daniel VAN KRIEKINGEN : Essai de toponymie de Laeken

(2) AVB – Localisation archive : AVB IP II 401 (Bâtiment principal/Etage 4 34A) – Caisse de prévoyance pour les professeurs et instituteurs urbains, retenues sur traitements, 1866 à 1874; Athénée Ad. Max; Athénée rue Reper Vreven, Lycée Jacqmain, Athénée L. Lepage, Lycée L-E Carter, Lycée H. Dachsbeck, Athénée R. Catteau: attributions, année scolaire 1866-67.

Boulevard du Centenaire

Tracé en perspective de l’exposition universelle de 1935, il relie la place de Belgique (anciennement place du Centenaire) à la place Saint-Lambert.

source: OpenStreetMap
Le plateau du Heysel au début des années 1930 (source: Bruciel 1930-1935)

Cette photo est particulièrement intéressante car on y voit, en partant du coin inférieur gauche : l’église St-Lambert et le début du bd du Centenaire, puis, sur la droite du boulevard, le Château Vanderborght, juste au-dessus, perpendiculaire au bd du Centenaire, l’avenue du Gros Tilleul, et, tout au-dessus, le palais 5 en construction. L’avenue du Gros Tilleul a été tracée à la même époque ; elle reliait le Square Palfyn (le bouquet d’arbres à gauche le long de l’avenue Houba-de Strooper) au Gros Tilleul (actuellement le rond-point de départ de la A12. On peut également voir le stade du Centenaire (actuellement Roi Baudouin), entre le Square Palfyn et le palais 5.

La Campagne Vanderborght

Au XVIIe siècle, une maison de plaisance (entendez résidence secondaire) avait été construite à proximité d’un moulin à huile, le Slagmolen, située approximativement sur le côté droit de l’actuel boulevard. Cette propriété connue sous le nom de Campagne Vanderborght, est remaniée en 1885 par Léopold II qui y ajoute un pavillon, des écuries, une volière, des serres, etc. Il y installe sa maîtresse, Blanche Delacroix, Baronne Vaughan. La Campagne Vanderborght deviendra alors le Château Vaughan. Les dénominations de Château Vanderborght, Villa Vanderborght continueront à être utilisées.

On le voit encore distinctement sur cette photo en bordure du boulevard du Centenaire, sur le côté droit :

Bd du Centenaire-villa Vanderborght (source: Bruciel)
source: coll. Belfius

Léopold II cédera la propriété à l’État en 1910 et la Ville en fera l’acquisition en 1927. Le bâtiment, désaffecté en 1909, deviendra un poste de police en 1933, puis il sera loué à Vacuum Cleaner et finalement démoli en 1956 lors des travaux de l’Expo 58.

Pour la petite histoire, sachez qu’on raconte que Léopold II rejoignait la baronne Vaughan par un pont métallique reliant la « campagne Vanderborght » au domaine royal. N’est-ce pas romantique !

Ce pont, aujourd’hui disparu, était situé approximativement à hauteur de l’entrée du tunnel de la STIB. Si vous allez vous promener de ce côté là, partez de l’arrêt de tram, longez les voies par le chemin qui mène au parc de Laeken. A mi-chemin, vous vous trouverez à peu près à l’emplacement de cette passerelle et vous verrez les maisons figurant sur la photo.

La dernière image, à droite, nous montre une ligne de tram. Cette ligne, considérablement modifiée, existe toujours: y passent aujourd’hui les trams 7 et 19 en direction de de Wand.

Début du bd du Centenaire depuis le parvis St-Lambert

La propriété Martha

Au XIXe siècle, il y avait encore une prairie entre la rue du Heysel et le bas du Bd du Centenaire (rotonde). Cette prairie a été acquise par un médecin de Molenbeek, Alfred Martha. Il y fit construire une résidence champêtre à laquelle on donna rapidement le nom très original de Propriété Martha. Son fils, Henri, négociant à Bruxelles, en hérite en 1912. Les constructions seront démolies en 1933 dans le cadre des travaux de l’Exposition universelle de 1935. Le propriétaire cédera le terrain à la Ville en 1945.

Le Château de Rongé

En 1705, une jolie petite demeure est construite entre la chaussée romaine et l’actuelle avenue du Gros Tilleul. A la fin du siècle, la carrière désaffectée (Steenpoel) est transformée en jardin à l’anglaise.

Un peu plus tard, vers 1830, Mathieu Goffin est propriétaire de ce domaine qu’il élargit vers le Nord en 1849 en achetant la parcelle appelée Tien Bunders et une parcelle en bordure de la chaussée romaine.

En 1859, sa fille, Mme de Rongé-Goffin hérite de cette vaste propriété de 74ha couvrant le Nord du plateau. Son époux, Charles de Rongé, fait construire à l’emplacement de l’actuel Buro & Design Center, le long de l’ Esplanade (en face du palais 12), un château de style classique, flanqué de deux tours, entouré d’un parc boisé qui incorpore le Steenpoel (parc d’Ossegem actuel).

En 1906, la Baronne Léon Janssen (née Bourgeois) hérite du domaine et le cède en 1910 à la Compagnie foncière industrielle et commerciale pour la conservation et l’embellissement des sites, appartenant à Léopold II et où celui-ci avait déjà logé d’autres biens acquis sur le plateau, comme le château Vanderborght.

En 1919, le château et la partie Nord du parc sont cédés au Hoger Instituut voor Landbouw en huishoudkunde.

source: coll. Belfius

En 1935, la partie Sud est réaménagée et devient le parc d’Ossegem qui est ouvert au public.

Les bâtiments du Hoger Instituut sont démolis en 1956 dans le cadre des travaux de l’Expo 58.

La patinoire du Centenaire

La localisation de la patinoire aujourd’hui disparue est un peu difficile car l’Expo 58 et l’âme foncièrement bétonnière de nos dirigeants ont quelque peu chamboulé le plateau du Heysel. Toutefois, en allant voir sur Bruciel, entre les palais et l’avenue de Meysse, on peut découvrir un équipement qui correspond exactement, forme et emplacement, à la patinoire. Elle apparaît sur la photo de 1944, existe toujours en 1953 mais a disparu sur la photo de 1961 qui montre un site totalement transformé. L’actuel parking du Trade Markt, le long de l’avenue de Madrid est à l’emplacement de l’ancienne patinoire.

La Patinoire du Centenaire (source: Bruciel 1953)
La Patinoire du Centenaire en 2020…

Cette patinoire à ciel ouvert s’appelait « Patinoire du Centenaire », on s’en serait douté, et a été créée en 1941 par un certain Charles Van Vlasselaere, boucher-charcutier établi rue Fransman. Les distractions étant rares sous l’occupation, cette patinoire eut un succès foudroyant : dès le 7 février de la même année, des jeunes Laekenois créaient le Sunday’s Club, un club de patinage à roulettes. Le succès de cette patinoire se maintint après la guerre car en 1946-47, le Sunday’s Club put bénéficier d’un local dans un entrepôt de la Ville de Bruxelles situé avenue de Madrid, entrepôt qu’il transforma en patinoire couverte.

Selon certaines sources, la patinoire en plein air fut démolie en 1956 et la patinoire de l’entrepôt en 1957, lorsqu’elles durent céder la place aux travaux de l’Expo 58. Selon d’autres sources, la patinoire de l’entrepôt fut utilisée jusqu’au début des années 1980, lorsque la Ville de Bruxelles loua l’entrepôt à l’entreprise Loic Jean’s qui y stocka ses marchandises. La patinoire extérieure fut, semble-t-il, reconstruite en 1960 et resta en activité au moins jusqu’en 2005.

Et pour terminer, une photo du boulevard pendant l’Expo de 1935 :

Bd du Centenaire lors de l’exposition de 1935 (source: coll. Belfius)

Square Princesse Clémentine

Le square Princesse Clémentine est situé à la fin du boulevard Emile Bockstael et le début de l’avenue Houba de Strooper. Aujourd’hui, il faut imaginer un quadrilatère dans l’axe du bd Bockstael et de l’avenue Houba, entre la rue Alfred Stevens et le début de l’avenue Sobieski (1)

source: OpenStreetMap.org

Les débuts..

Il y a bien longtemps, se trouvait à cet endroit une ferme-château appelée Hof Ter Plast. Nom bien choisi puisque cette ferme faisait face à un étang. Cette ferme-château est mentionnée sur la carte de Ferraris (1777) (2) .

source: BRUGIS

Cette superposition de la carte officielle actuelle (BRUGIS) et de la carte de Ferraris montre l’endroit (les quadrilatères rouges) où se trouvait la ferme-château Hof ter Plast

Arthur Cosyn, dans son ouvrage « Laeken – ancien et moderne » publié en 1904, précise (p.20) :

L’emplacement du château et de l’étang de Ter-Plast (à la mare) est couvert depuis de longues années de prés et de cultures. Entre le château et la rue voisine (rue du Gaz ; anciennement : chemin de Jette, dit Breemstraat) s’élevait encore, il y a vingt-cinq ans environ, une ferme portant cette inscription: Anno 1601. Un vieux cultivateur, qui a habité cette métairie, m’a déclaré qu’il a heurté souvent en bêchant des vestiges du manoir.

L’étang de Ter-Plast communiquait avec celui du Valmolen dont il ne reste plus de traces non plus. Le Valmolen, dont les bâtisses caduques et vieillottes viennent d’être abattues, après avoir servi d’habitation à un cabaretier et à des ouvriers, était probablement une dépendance de Ter-Plast sous l’ancien régime, c’est-à-dire à l’époque où ce manoir était la résidence des t’Serclaes, des barons de Poederlé, etc…

Cet étang qui était auparavant au pied de cette ferme-château dénommée Ter Plast, était alimenté par le Heizelbeek (voir rue du Heysel) (3) Selon Cosyn, il aurait donc été comblé à une époque ancienne, en tout cas antérieure à celle de la carte de de Ferraris puisqu’il n’apparaît pas sur cette carte.

Aujourd’hui, mieux connu sous le nom de « étang aux canards », l’endroit a été baptisé « Square Princesse Clémentine » en l’honneur de la deuxième fille de Léopold II. Il n’est pas fortuit que la rue Emile Wauters qui relie le square à la place St-Lambert, ait été ainsi nommée en souvenir du peintre qui réalisa le plus connu des portraits de la Princesse.

Clémentine (1872-1955) était la troisième fille de Léopold II et la seule pour laquelle il éprouva une véritable affection. Au lendemain de la mort du Roi (1909), elle épousa en 1910 le Prince Victor-Napoléon, mariage auquel Léopold II s’était opposé. Selon D. Van Kriekinge, elle vivait au château de Laeken avec son père et remplaçait dans de nombreuses circonstances sa mère qui s’était retirée à Spa (Essai de toponymie laekenoise, 1995).

La fontaine avec monument qui décore la pelouse entre l’étang et l’avenue Houba a été érigée en hommage à Emile Bockstael, dernier bourgmestre de Laeken. Ce monument a été dessiné par l’architecte Jean Rombaux et réalisé par le sculpteur Ernest Salu II. (4)

En mars 1921, le Parlement vote l’annexion de Laeken, Neder et Haren à Bruxelles. Le 2 décembre 1929, la Ville de Bruxelles décida d’ériger un monument pour honorer la mémoire du dernier bourgmestre de Laeken (décédé en 1920), Emile Bockstael dont la conduite pendant la guerre fut aussi héroïque que celle de son collègue de Bruxelles. Bockstael était Montois d’origine et ingénieur. (5)

Le Square Princesse Clémentine (source: Bruciel)

Le square a disparu, il ne reste que les deux petits triangles au bas de la photo. Par contre, nous avons gagné la statue à la mémoire d’Emile Bockstael. Les trams ont disparu également, aussi bien sur l’avenue Houba que sur le début de l’avenue Sobieski (ex- bd Bockstael)

Le square en 1912.

Collection Belfius

Au premier plan, la fin de bd de Smet de Naeyer et le début de l’avenue des Robiniers (Pont Colonial). Le début de la rue Pierre Strauwen, dans le fond, est déjà construit avec la Pharmacie du Stuyvenberg et le café Night and Day. En 1912, selon l’Almanach du Commerce et de l’Industrie, ce café était déjà une brasserie tenue par Georges Hack, d’où le nom: Brasserie Georges.

source: Bruciel – coll. Belfius

Pour la pharmacie, c’est un peu plus compliqué, la rue ayant changé de nom. Elle s’appelait auparavant rue Fransman et allait de la rue Léopold Ier à la place St-Lambert. En tout cas, le bâtiment existait déjà avant 1920 et était, déjà, une pharmacie comme le montre la photo du square dans l’axe de l’avenue Houba, avec, dans le fond, le tram « H ». L’Almanach ne connaît pas la rue Alfred Stevens avant 1949. A cette époque, la pharmacie était tenue par O. Delatte. Sans doute la rue portait-elle un autre nom.

Voici deux photos intéressantes car elles nous montrent que la disparition du square date des années 1930 :

Sur la première, le square existe toujours mais le monument « Bockstael » n’est pas encore là. Par contre, sur la seconde, outre qu’un expert des transports publics bruxellois vous ferait certainement remarquer que la motrice est clairement une motrice en service à la STIB dans les années 1930, le monument « Bockstael » apparaît. Cette photo est donc postérieure à 1929 (voir plus haut).

Et une dernière, également issue de la collection Belfius :

Cette photo prise depuis le Pont Colonial nous montre, en bas, l’avenue Sobieski, l’étang sans aucune végétation, à droite la rue E. Wauters, et, dans le fond, l’avenue Houba. La Pharmacie du Stuyvenberg, au coin, en face du Night and Day, n’est pas encore construite. Par contre, on voit clairement dans la première trouée, un réservoir de gaz de ville situé à Jette. La seconde trouée, à droite de la maison isolée, montre la silhouette du clocher de l’église des Rédemptoristes, place Reine Astrid, à Jette.

(Mis à jour le 7 juin 2020)

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Notes

(1) La partie comprise entre le bd Bockstael et l’entrée du parc Sobieski s’appelle d’ailleurs Square Clémentine! Ce que peu de gens savent.

(2) Pour les férus d’histoire : Joseph Jean, comte de Ferraris (Lunéville 1726, Vienne 1814) est un militaire originaire de Lorraine, au service des Autrichiens. Il a été directeur de l’école de mathématique du corps d’artillerie des Pays-Bas et, accessoirement, colonel propriétaire du régiment de Ferraris cantonné dans les Pays-Bas autrichiens. C’est à lui que Charles de Lorraine, alors gouverneur des Pays-Bas autrichiens, a demandé de cartographier tous les territoires sous son administration. Cette carte, conçue à des fins purement militaires, est consultable à la Bibliothèque Royale.

(3) Historische toponymie van Laken, Pierre Van Nieuwenhuysen, Safran 2009, p.21

(4) La Région de Bruxelles-Capitale, in collection Histoire et Patrimoine des Communes de Belgique, Racine, 2008 – p.535

(5) Les fontaines racontent Bruxelles, Fabien De Roose, Racine, p. 98

Rue Alphonse Wauters

Alphonse Wauters fit ses débuts à l’Etablissement géographique de Bruxelles de Philippe Vandermaelen, établissement de renommée mondiale au XIXe siècle. Puis, il devint directeur des Archives de la Ville de Bruxelles. Son ouvrage le plus connu fut « Histoire civile, politique et monumentale de la ville de Bruxelles » en collaboration avec Alexandre Henne

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sources :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Alphonse_Wauters