Boulevard du Centenaire

Tracé en perspective de l’exposition universelle de 1935, il relie la place de Belgique (anciennement place du Centenaire) à la place Saint-Lambert.

source: OpenStreetMap
Le plateau du Heysel au début des années 1930 (source: Bruciel 1930-1935)

Cette photo est particulièrement intéressante car on y voit, en partant du coin inférieur gauche : l’église St-Lambert et le début du bd du Centenaire, puis, sur la droite du boulevard, le Château Vanderborght, juste au-dessus, perpendiculaire au bd du Centenaire, l’avenue du Gros Tilleul, et, tout au-dessus, le palais 5 en construction. L’avenue du Gros Tilleul a été tracée à la même époque ; elle reliait le Square Palfyn (le bouquet d’arbres à gauche le long de l’avenue Houba-de Strooper) au Gros Tilleul (actuellement le rond-point de départ de la A12. On peut également voir le stade du Centenaire (actuellement Roi Baudouin), entre le Square Palfyn et le palais 5.

La Campagne Vanderborght

Au XVIIe siècle, une maison de plaisance (entendez résidence secondaire) avait été construite à proximité d’un moulin à huile, le Slagmolen, située approximativement sur le côté droit de l’actuel boulevard. Cette propriété connue sous le nom de Campagne Vanderborght, est remaniée en 1885 par Léopold II qui y ajoute un pavillon, des écuries, une volière, des serres, etc. Il y installe sa maîtresse, Blanche Delacroix, Baronne Vaughan. La Campagne Vanderborght deviendra alors le Château Vaughan. Les dénominations de Château Vanderborght, Villa Vanderborght continueront à être utilisées.

On le voit encore distinctement sur cette photo en bordure du boulevard du Centenaire, sur le côté droit :

Bd du Centenaire-villa Vanderborght (source: Bruciel)
source: coll. Belfius

Léopold II cédera la propriété à l’État en 1910 et la Ville en fera l’acquisition en 1927. Le bâtiment, désaffecté en 1909, deviendra un poste de police en 1933, puis il sera loué à Vacuum Cleaner et finalement démoli en 1956 lors des travaux de l’Expo 58.

Pour la petite histoire, sachez qu’on raconte que Léopold II rejoignait la baronne Vaughan par un pont métallique reliant la « campagne Vanderborght » au domaine royal. N’est-ce pas romantique !

Ce pont, aujourd’hui disparu, était situé approximativement à hauteur de l’entrée du tunnel de la STIB. Si vous allez vous promener de ce côté là, partez de l’arrêt de tram, longez les voies par le chemin qui mène au parc de Laeken. A mi-chemin, vous vous trouverez à peu près à l’emplacement de cette passerelle et vous verrez les maisons figurant sur la photo.

La dernière image, à droite, nous montre une ligne de tram. Cette ligne, considérablement modifiée, existe toujours: y passent aujourd’hui les trams 7 et 19 en direction de de Wand.

Début du bd du Centenaire depuis le parvis St-Lambert

La propriété Martha

Au XIXe siècle, il y avait encore une prairie entre la rue du Heysel et le bas du Bd du Centenaire (rotonde). Cette prairie a été acquise par un médecin de Molenbeek, Alfred Martha. Il y fit construire une résidence champêtre à laquelle on donna rapidement le nom très original de Propriété Martha. Son fils, Henri, négociant à Bruxelles, en hérite en 1912. Les constructions seront démolies en 1933 dans le cadre des travaux de l’Exposition universelle de 1935. Le propriétaire cédera le terrain à la Ville en 1945.

Le Château de Rongé

En 1705, une jolie petite demeure est construite entre la chaussée romaine et l’actuelle avenue du Gros Tilleul. A la fin du siècle, la carrière désaffectée (Steenpoel) est transformée en jardin à l’anglaise.

Un peu plus tard, vers 1830, Mathieu Goffin est propriétaire de ce domaine qu’il élargit vers le Nord en 1849 en achetant la parcelle appelée Tien Bunders et une parcelle en bordure de la chaussée romaine.

En 1859, sa fille, Mme de Rongé-Goffin hérite de cette vaste propriété de 74ha couvrant le Nord du plateau. Son époux, Charles de Rongé, fait construire à l’emplacement de l’actuel Buro & Design Center, le long de l’ Esplanade (en face du palais 12), un château de style classique, flanqué de deux tours, entouré d’un parc boisé qui incorpore le Steenpoel (parc d’Ossegem actuel).

En 1906, la Baronne Léon Janssen (née Bourgeois) hérite du domaine et le cède en 1910 à la Compagnie foncière industrielle et commerciale pour la conservation et l’embellissement des sites, appartenant à Léopold II et où celui-ci avait déjà logé d’autres biens acquis sur le plateau, comme le château Vanderborght.

En 1919, le château et la partie Nord du parc sont cédés au Hoger Instituut voor Landbouw en huishoudkunde.

source: coll. Belfius

En 1935, la partie Sud est réaménagée et devient le parc d’Ossegem qui est ouvert au public.

Les bâtiments du Hoger Instituut sont démolis en 1956 dans le cadre des travaux de l’Expo 58.

La patinoire du Centenaire

La localisation de la patinoire aujourd’hui disparue est un peu difficile car l’Expo 58 et l’âme foncièrement bétonnière de nos dirigeants ont quelque peu chamboulé le plateau du Heysel. Toutefois, en allant voir sur Bruciel, entre les palais et l’avenue de Meysse, on peut découvrir un équipement qui correspond exactement, forme et emplacement, à la patinoire. Elle apparaît sur la photo de 1944, existe toujours en 1953 mais a disparu sur la photo de 1961 qui montre un site totalement transformé. L’actuel parking du Trade Markt, le long de l’avenue de Madrid est à l’emplacement de l’ancienne patinoire.

La Patinoire du Centenaire (source: Bruciel 1953)
La Patinoire du Centenaire en 2020…

Cette patinoire à ciel ouvert s’appelait « Patinoire du Centenaire », on s’en serait douté, et a été créée en 1941 par un certain Charles Van Vlasselaere, boucher-charcutier établi rue Fransman. Les distractions étant rares sous l’occupation, cette patinoire eut un succès foudroyant : dès le 7 février de la même année, des jeunes Laekenois créaient le Sunday’s Club, un club de patinage à roulettes. Le succès de cette patinoire se maintint après la guerre car en 1946-47, le Sunday’s Club put bénéficier d’un local dans un entrepôt de la Ville de Bruxelles situé avenue de Madrid, entrepôt qu’il transforma en patinoire couverte.

Selon certaines sources, la patinoire en plein air fut démolie en 1956 et la patinoire de l’entrepôt en 1957, lorsqu’elles durent céder la place aux travaux de l’Expo 58. Selon d’autres sources, la patinoire de l’entrepôt fut utilisée jusqu’au début des années 1980, lorsque la Ville de Bruxelles loua l’entrepôt à l’entreprise Loic Jean’s qui y stocka ses marchandises. La patinoire extérieure fut, semble-t-il, reconstruite en 1960 et resta en activité au moins jusqu’en 2005.

Et pour terminer, une photo du boulevard pendant l’Expo de 1935 :

Bd du Centenaire lors de l’exposition de 1935 (source: coll. Belfius)

Une réflexion sur « Boulevard du Centenaire »

  1. Bonjour,
    Félicitation pour votre travail de recherche sur ce quartier de Bruxelles, toutefois je me permets de vous contacter pour une
    petite rectification concernant la patinoire de l’avenue de Madrid, en effet cette dernière abritait bien le Sunday’s club (qui existe toujours au stade vander putte) jusque dans les années 80′ date à laquelle la ville de Bruxelles a reloué cet espace à l’entreprise de Jeans « Lois » pour y stocker sa marchandise. cette entreprise à permis au club d’utiliser La piste extérieure construite en 1960 par les membres du Sunday’s nombreuses année encore, au moins jusqu’en 2005.

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